Yangon, gare routière
J’ai regretté quelques instants d’y être venu
Je me suis dit : “qu’est-ce que je fais là ?
J’aurais dû prendre un guide si je l’avais su…
Quel monde ! Quel bordel ! Quel brouhaha !”
Heureusement qu’un ami m’avait indiqué les guichets
Donc mon séjour y fût plutôt court
Il ne me restait qu’à attendre le bus qu’il fallait
Mais ici les aiguilles font plusieurs tours
Un vendeur de chips aux dents ravagées
M’a donné une chaise avec une sincérité étonnante
Le jeune/vieux homme semblait si usé
Que je lui en ai acheté une portion méritante
Enfin le bus tant attendu est arrivé
Juste un numéro mais aucune destination
J’y suis monté car personne ne pouvait m’expliquer
Puis les familles, les poulets et les provisions
Le tacot sans âge qui m’avait vu naître
Avait dû oublier la date de sa dernière douche
Les fenêtres brisées de toute façon peu nécessaires
Avaient au moins le mérite de chasser les mouches
J’ai eu un doute tout le long du voyage
Avec tous ces arrêts et ces chemins de cambrousse
On en a traversé bien des péages, des villages
Je ne me rappelerai jamais la route
Révoltère
Mai 2008