À l’ombre
Sur le grès sali, au coin du vieux street désespère malheureux
Entre deux cartons ramollis, un vieil imper troué de compagnie
Et rêve de naguère, du temps où son haleine sentait bon le ricqlès
Du temps où il zippait de night club en discothèque
Du temps où il zappait de Rolex en starlette
L;
Il dort, ivre mort, à demi-noyé dans la crasse, pisse et nuances
Litron, réchauffe-le tendrement, cet homme va mal
Et j’ai mal pour son corps, pour ce corps sans défense
La lune est froide et la pluie est humide ce soir
Mais déjà il ne la sent plus, bercé qu’il est par Bochus
Sans papier donc théoriquement pas vivant pour la loi
Sa date de naissance, il ne la connaît même plus
Mais dans sa tête il s’efforce de croire à ses vingt ans
De l’époque Hugo Boss, Gillette -rasé de près-, et CB en poche
Juste avant le bing-bang et la retraite au silence
Il n’a plus aucun avenir pas la peine de se mentir
L’avenir est dans le passé et dans le souvenir du “j’ai été”
Demain il peut mourir, c’est pas Jésus qui va venir le sauver
La légende s’arrête là où commençent la réflexion
Et en ce moment “j’ai faim” est plutôt sa préoccupation
On lui a refilé un vieux Jeans, pas un Lewis, pas de la frime
Une paire de nike à 50 balles de chez Croc’ Affaires
Et la casquette style very good golfeur visé à l’envers
Avec son pull coupé court façon fifille du ministère
Cet homme a un vrai look de tyran des ponts et des routes
Au creux de son bras, son ami de toujours, le chat
Ronronne et lui fredonne les derniers hits dans les tops
Lui, il voyage et rêve de plage, plane entre Loto et miss univers
Laissons-le dormir si dormir ne le fait pas souffrir
Révoltère