Le casse-habitude
Reclus au fonds de sa boutique
L’artisan de mes désirs
Met au point un projet fantastique.
Enchaîné ainsi pour mon plaisir
Il confectionne habilement
L’instrument de mon avenir.
Il me lègue son coeur et son talent
Pour assouvir ma soif de nouveautés
Sa création me plaira, j’en suis sûr
Mais j’attends, et c’est très dur.
Telle une guillotine du passé
Viendrait vaincre l’enceinte qui me retient,
Le fabuleux fétiche qu’il va crée
S’imposera dans ma vie
Pour la bouleverser du petit à l’infini.
Je n’espère qu’une chose de lui
Et je trouve que c’est bien assez :
Qu’il gagne son pari insensé
D’être le guérisseur de mes tourments,
D’être le pisteur sur mon sentier de l’inconscient.
Emprisonné dans sa cellule
L’artisan de mes désirs
S’attache pour mes simples plaisirs
A inventer cet objet nommé : casse-habitude.
Chaque jour se répètent les mêmes gestes,
Chaque jour recommencent les mêmes manies,
Du soir au matin c’est le même refrain.
L’imposteur habitude se manifeste
Les choses sont toujours ainsi
Tout ceci m’énerve, je veux changer.
Une journée à peine terminée
Se répercute sans souci sur le lendemain
Qui sera de toute façon identique à son prochain
Les transitions nocturnes essaient de brouiller les pistes
Mais je vois bien qu’au fonds tout se ressemble.
Tous ces rituels connaissent la même fin
Quelque soit le jour, quelque soient les acteurs
Tous les manuels récitent les mêmes refrains
La monotonie a du quelque part semer ses couleurs
Les choses sont trop prévisibles,
Planifier son avenir en deviendrait presque facile
Car le cycle se renouvelle sans compromis
Et je ne vois aucune porte de sortie.
Je voudrais pourtant trouver le moyen
Je voudrais abolir la résurrection
De cette entité de conformisme quotidien.
Je sais qu’elle est loin la solution,
Que d’autres ont essayé avant moi
Mais après tout, je ne risque rien
Et si je réussi ce travail d’Hercule
Je pourrai être fier d’avoir trouvé le casse-habitude.
Casser les habitudes, mais pourquoi donc ?
Les plus naïfs me demanderont.
Je ne dirai que ne ni, c’est mon affaire
A quoi bon perdre son temps avec des moutons.
Mon message est clair, enfin je l’espère
Comme un lac de montagne,
Comme un ciel d’azur au lever du soleil,
Dixit Alex dans son univers ultra-violent
Et je crains que mort n’ai pas d’âge
Alors pour tout autre conseil
Il faudrait du temps à en perdre la tête
Chacun ses problèmes, chacun ses peines
Mon ennemi, c’est cet usurpateur
Qui construit ma vie à sa façon.
Tout est programmé dans son ordinateur,
Tout est préparé, il n’y a plus d’horizon.
C’est un problème universel, c’est vrai
Enfin du moins j’en ai l’impression.
Ce que je peux dire c’est qu’il est mauvais.
Cet enfant né de la société moderne,
Ce monstre cajolé par nos frais
Est en train de nous capturer dans son iceberg
De la démence et de la folie meurtrière.
Il nous irradie de ses influences néfastes
Et nous coule vers un gouffre sans lumière
Le petit naïf chute et se fracasse
Car il n’était pas assez fort pour résister
Mais moi, je voudrais tenté la traversée
Pour gagner cette terre dirigée de solitude
Peut-être que là-bas s’initie l’art du casse-habitude
Si je le pouvais, je vivrais au jour le jour
Car c’est le meilleur à mon goût.
Les sensations que procurent l’inconnu,
Les réflexions qu’engendrent l’imprévu
Existent toujours, enfin y’a plus de gourou.
Décider à la dernière minute
De ce que l’on va faire,
De l’endroit où l’on va aller,
De quoi manger, de quoi boire
Mais...le sort exécute
Le programme est inclus dans le concept
Et toute virée sur les routes interdites
Est un risque savoureux mais trop dangereux
Alors j’opte pour l’aventure inédite
Et j’espère avoir comme chef
Le facteur chance tout au long de mon existence
Le vingtième siècle n’a plus ses Robinson,
Ses Livinstone; ils sont mort, Chistophe Colomb
Les gens s’entassent dans des immeubles, dans des mégavilles
C’est l’exode de la vie tranquille, des maisons seules
Pour l’ennui et le gris de jours et de vies identiques
Je suis fou, croyez-vous ?
Chacun sa philosophie, chacun son parti.
Je bous de colère, de chagrin et de misère
Quant je vois combien tout est triste,
Et le fait de répéter à jamais les mêmes
De vivre comme un chronomètre,
De surveiller le réveil,
De manger à telle heure,
De faire ceci-ceça à une autre
M’exaspère tant tout est morose
Où sont les surprises ?
Ah oui une grève, une démission ou une guerre
Si cela est suffisant pour vous tenir en haleine
Elles sont belles les surprises de l’ère moderne.
En voyant la vie de cette façon là
Je peux encore beaucoup espérer
Si l’existence n’est pas programmée,
Je prendrai ce que le temps m’apportera
Peut-être alors trouverais-je le casse-habitude
Comprenne qui pourra
Révoltère