Vice-versa
Je me rappelle les soirs d’orage quand j’étais petit
Je me cachais sous ma couette et j’attendais bien sage
Que passe la tempête et que s’éloigne sa colère, si
Bien que parfois ces nuits de ravage étaient des nuits de cauchemars
Je ne saurais dire pourquoi j’avais peur
Ni la raison de ma réaction car au fond j’étais intouchable
Barricadé dans mes couvertures, dans mon bunker
De fortune, dans mon refuge indétectable
Mais voyez-vous les enfants pensent comme dans les films
Si bien que la réalité devient souvent débrayée
Tout coup on s’imagine des choses incroyables, on devine
Des esprits, on débusque des monstres cachés sous votre lit
La vie est trop simple, ses fondements trop bien huilés
Pour un gamin, il faut de l’exception ,de la surprise, de la méfiance
Un héros, un méchant, un Goldorak, un ennemi imprévisible
A l’arrivée les dessins animés deviennent ses références
A tout ce qui lui arrive autour de lui et il cherche dans ses
Scénarios qui sont les mauvais, qui sont les gentils
Ainsi pendant des années j’ai cru au croque-mitaine
Caché dans le placard, au vilain qui ne sortait que la nuit
Je voyais se jouer mes histoires et je souhaitais même, je reconnais
Qu’enfin il se passe quelque chose qui sorte de la normale
Quand on est jeune on croit à tout et n’importe quoi,
On avale les ragots comme des bonbons et on se
Fait un plaisir de les remodeler à sa guise pour les raconter à ses copains
Pour les impressionner, qu’ils restent ébahi, qu’ils ait peur
Je me rappelle en avoir entendu des tonnes et des tonnes
Et plus elles étaient diaboliques, mystérieuses plus elles étaient savoureuses
Je m’en étonne mais la frayeur était délicieuse
Bizarrement notre existence manquait de piquant
Bien sûr on les inventait mais je reconnais que parfois j’y ait cru
J’en ai pris peur car certains avaient l’art d’y mêler des sentiments
Tellement réels, des impressions tellement précises qu’il semblait
Presque difficile de douter de leur sincérité
Le pire de tout étaient les soirs, les soirs noirs
Où la lumière était éteinte, quand je restais tout seul
Dans la chambre devenu noire et qu’au dehors
L’orage s’exécutait, j’avais si froid, si froid...
Révoltère