Solitude
Il repassait ses souvenirs
Comme s’il les avait presque oubliés
Il relançait sans cesse le film
Jamais las de le regarder
Il ranimait les vieux portraits
Ceux du grenier, de la cheminée
Il dialoguait parfois avec mais c’était
Le silence qui les retenait prisonnier
Il écoutait le temps ronger la réalité
Dans sa grande oeuvre de destruction
Il voyait les ombres embrasser son passé
Et noyer ses secrets sous le souffle glacé de leurs invasions
Il vivait ainsi, loin de tout; esseulé
Dans sa grande maison résonnaient
Les joies et les pleurs d’une vie abandonnée
Il suivait l’évolution, enfin...il vieillissait
Il la craignait comme le pire des supplices
Mais elle viendrait, il le savait
Il guettait l’ultime espoir qu’elle puisse
Encore renoncer. Au fond de lui il vivait
Il regardait s’envoler ses projets
Un après l’autre; il était monotone
Il revoyait s’exhumer ses regrets
Les feuilles tombaient, c’était l’automne.
Révoltère